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I

VOCABULAIRE

coffre-fort m	-	сейф
contenter (se) de	-	довольствоваться ч.-л.
épargner être épargné	-	делать сбережения; избегать
liquidités f pl	-	наличные средства
obéir à	-	подчиняться
pactole m	-	золотое дно
placement m	-	вложение
réserves f de change	-	валютные резервы
tirelire f	-	копилка
vue f imprenable	-	окрестность, не подлежащая застройке

Ils appartiennent à des Etats qui débordent de liquidités et investissent massivement dans nos entreprises. Pour l'heure, ils sont les bienvenus. Mais pourraient vite devenir menaçants.

Eux au moins n'ont pas de problème de pouvoir d'achat. En à peine trois mois, ils ont injecté plus de 10 milliards d'euros dans Citigroup, 7,5 dans Merrill Lynch, 7 dans UBS et 3,5 dans Morgan Stanley. Soit presque 30 milliards, débloqués en un claquement de doigts pour renforcer les banques occidentales, menacées de faillite par la crise des subprimes. «A court terme, personne d'autre n'aurait pu mettre un tel pactole sur la table», s'extasie l'économiste Elie Cohen.

Bienvenue dans le monde doré des fonds souverains! Pensait-on que les hedge fonds et les fonds d'investissement étaient les seuls ogres du business planétaire? Eh bien, ce n'est plus vrai. Désormais, il va falloir compter avec ces mastodontes, débarqués de Chine, d'Abu Dhabi ou de Norvège, la tête gonflée d'ambitions. La différence? Alors que les premiers, aux mains d’intérêts privés, obéissent aux ordres de capitalistes à cigare, ces tirelires géantes sont la propriété des Etats.

C'est le cas, bien sûr, des pays producteurs d'or noir, dont les dirigeants pensent déjà à préparer l'après-pétrole. Pour le reste, l'argent provient surtout des fabuleux excédents commerciaux de l'Asie avec le reste du monde. A elle seule, la Banque centrale chinoise, qui a accumulé près de 1000 milliards d'euros de réserves de change, pourrait s'offrir tout le CAC 40. Heureusement pour nous, le gouvernement de Pékin s'est contenté pour le moment d'injecter 130 milliards dans la China Investment Corporation, le fonds souverain qu'il vient de créer. Au total, selon le FMI, ces coffres-forts d'Etat disposeraient de plus de 2 000 milliards d'euros, six fois plus qu'il y a quinze ans, et deux fois plus que les fonds spéculatifs. Et ce n'est qu'un début puisque, à en croire les experts, ce pécule[8] devrait tripler d'ici 2012. En comparaison, notre caisse de réserve des retraites, dotée de 33,8 milliards, paraît plutôt maigrichonne...

Jusqu'à présent, ces cyclopes de la finance ne faisaient guère d'étincelles sur les marchés mondiaux: ils se contentaient de réaliser ça et là quelques belles opérations immobilières et de rafler[9] à tour de bras des bons du trésor – ce sont eux qui financent en grande partie le gigantesque déficit américain – un placement sûr mais à faible rendement. En somme, ils géraient leur fortune comme des pères de famille et tout le monde s'en fichait. Mais, depuis quelques mois, le démon du placement semble les avoir subitement saisis, et, l'un après l'autre, ils se sont mis à croquer les entreprises occidentales!

Et pas n'importe lesquelles. Le fonds de Dubaï vient de s'inviter au capital de Sony, celui de la Russie a pris pied dans EADS et celui d'Abu Dhabi a failli dévorer 9,8% de Volkswagen. En à peine un an, ces goulus[10] ont investi 40 milliards d'euros dans les sociétés de la planète. Evidemment, la France n'est pas épargnée. Selon Europlace, l'organisme qui représente la place de Paris, les fonds souverains ont d'ores et déjà acquis 4% du CAC 40. Et si certains Etats, comme la Norvège, ne sont pas très gourmands (aucune de ses 92 participations dans l'Hexagone ne dépasse 1,8%), d'autres, notamment ceux du Golfe, ont bien l'intention de s'offrir un festin chez nous.

Un petit tour place de la Concorde, à Paris, suffit pour s'en convaincre. C'est ici, dans un immeuble de prestige, que le Qatar Investment Authority (QIA) vient d'installer son antenne européenne. Le bureau réservé à son président, cheikh Hamad Ben Jassem al-Thani, Premier ministre et beau-frère de l'émir, vaut à lui seul le détour: mobilier élyséen, boiseries, vue imprenable sur l'obélisque, chambre à coucher, boudoir et salle de bains. «Notre président a décidé de mettre le paquet sur la France», confie Guy Delbès, le responsable local de ce colosse financier.

COMMENTAIRES

Les avoirs de ces fonds d’Etat dépassent 2 000 millards d’euros.

Norvège: 213 millards d’euros. Nom du fonds: The Governement Pension Fund. Principales acquisitions: deuxième actionnaire du CAC 40, il a notamment des participations dans BNP Paribas (1, 1%) et Bouygues (0,6%)

Russie: 107 millards d’euros. Nom du fonds: Stabilization Fund of the Russian Federation. Principales acquisitions: depuis qu’elle a acquis 5% d’EADS, la Russie est accusée d’avoir des visées politiques sur nos firmes.

Koweït: 170 millards d’euros. Nom du fonds: Kuwait Investment Authority. Principales acquisitions: actionnaire de BP (22%), ce fonds vient d’investir plusieurs milliards dans Merrill Lynch et Citigroup.

Arabie Saoudite: 200 millards d’euros. Nom du fonds: NC. Principales acquisitions: en passe de créer un énorme fonds, l’Etat saoudien a déjà beaucoup misé sur l’immobilier, notamment en France.

Chine: 135 millards d’euros. Nom du fonds: China Investment Corporation. Principales acquisitions: actionnaire du fonds Blackstone (10%), il a injecté 3,5 milliards dans Morgan Stanley (9,9%).

Corée du sud: 13 millards d’euros. Nom du fonds: Korea Investment Corporation. Principales acquisitions: ce fonds vient d’investir plusieurs milliards d’euros dans la banque Merrill Lynch, aux côtés du Koweït.

Abu Dhabi: 590 millards d’euros. Nom du fonds: Abu Dhabi Investment Authority. Principales acquisitions: actionnaire de Citigroup (4,9%), Ferrari (5%), et du fonds Apollo (9%), Adia a des projets dans l’Hexagone.

Dubaï: 12 millards d’euros. Nom du fonds: Dubaï International Capital. Principales acquisitions: présent dans EADS (3,14%), il a notamment investi dans Sony, Daimler-Chrysler, HSBC et Carlyle.

Qatar: 34 millards d’euros. Nom du fonds: Qatar Investment Authority. Principales acquisitions: actionnaire en France du Royal Monceau et de Lagardière (6%), ce fond a des visées sur EADS.

Singapour: 220 millards d’euros. Nom du fonds: Temasek. Principales acquisitions: actionnaire principal de la banque Standart Chartered, il vient d’injecter 3 millards d’euros dans Merrill Lynch (Etats Unis).

17. Commentez les phrases:

1.	... les dirigeants pensent déjà à préparer l'après-pétrole.
2.	... ces cyclopes de la finance ne faisaient guère d'étincelles sur les marchés mondiaux.
3.	... ils se sont mis à croquer les entreprises occidentales.
4.	Notre président a décidé de mettre le paquet sur la France.

18. Répondez aux questions:

1.	Les nouveaux ogres, par quelles institutions sont-ils représentés?
2.	En quoi consiste la différence entre les fonds souverains, hedge funds et fonds souverains?
3.	Ogres, pourquoi cette comparaison? Quels faits permettent de se faire une idée de leur possibilité?

Дата добавления: 2014-12-17